Comment éviter les crises pendant les courses ?

Faire les courses ou simplement flâner dans les magasins peut être une véritable source de stress pour les parents comme pour les enfants.

Pourquoi ?

Côté parent

Faire les courses n’est pas forcément la passion numéro 1 des adultes : Contrainte, perte de temps, foule, handicap, peur d’oublier quelque chose/de dépenser trop*

*liste non exhaustive

… Et encore moins des parents : stress ++

Le parent peut redouter que son enfant demande quelque chose qu’il n’a pas prévu d’acheter. Et que ce dernier fasse « une crise » en cas de refus ?

Peut-être est-il sensible au regard des autres : « si je cède que va t-on penser de moi ? » « Si je frappe mon enfant/lui hurle dessus que va t-on penser de moi ? »

Côté enfant

Quant à l’enfant, il est face à de multiples tentations (jouets, sucreries, …) et une multitudes de stimulations (luminosité, bruit, foule, …).

Et on le sait, un jeune enfant n’est pas encore capable de « gérer » ses émotions, supporter la frustration, sans être accompagné. Il ne fait pas exprès. Il ne peut pas.

En bref, faire les courses en tant que parent cela peut vite être synonyme de crises, de stress.

Et s’il était possible de limiter le niveau de stress/d’éviter ces crises ?

Mieux vaut prévenir que guérir…

Mes enfants n’ont jamais fait de « vraies » crises dans les magasins. Peut-être ai-je eu de la chance ? Peut-être pas…

(Spoiler alerte : ils peuvent en faire à d’autres moments, je vous raconterai…Parce que oui, ce sont quand même des enfants…et que je suis un parent parfois fatiguée, moins disponible.)

Cela ne veut pas dire non plus qu’ils n’ont jamais rien demandé.

Cela ne veut pas dire non plus qu’ils n’ont pas ressenti de la frustration, de la colère.

Le stress est aussi notre allié

Le stress peut aussi avoir des effets positifs : il permet de se préparer.

Je préfère passer du temps à anticiper, analyser les « risques » plutôt que d’avoir à gérer des crises.

Je vous partage tout ce que j’ai mis en place pour éviter d’avoir à gérer une crise et faire du moment « courses » un moment agréable pour tout.e.s.

Juste avant de vous énumérez les différents points, si cela est possible, déléguer les courses ou éviter :

• les moments les plus fréquentés,

• l’heure des repas,

• si vous ou votre/vos bébé/enfant.s êtes fatigué.e.s., malade, ...

Je répète : si cela est possible.

Si cela ne l’est pas, c’est OK. Et cela se fait très bien, si l’on tient compte de ces paramètres et que l’on met en place quelques astuces « anti-crise » :

Avant la sortie :

• Prévenir ce que l’on va faire, où l’on va. Peu importe l’âge de l’enfant (cela vaut aussi pour les bébés). Cela les sécurise. L’inconnu peut faire peur, stresser avant même d’être arrivé sur le lieu. D’ailleurs, pour les plus grand.e.s, ne les entendez-vous pas parfois dire : « On va où ? » - « On va faire quoi ? ». C’est un besoin.

Pour les bébés :

• Nourrir et changer la couche du bébé avant de sortir

• Porter plutôt que pousser. Le portage sera un moyen plus efficace que la poussette pour limiter les facteurs de stress du bébé. Le contact, la proximité étant des éléments favorisant la sécurité intérieure du bébé.

• Prévoir de quoi l’hydrater/le nourrir si besoin

• Amener un jouet/livre adapté à son âge
  

Pour les jeunes enfants :

• Instaurer un rituel (besoins physiologiques) avant toute sortie. Chez nous : « On va y aller. On boit un verre d’eau et on passe aux toilettes avant de partir. ». On respecte, nous parent, le rituel également. Les enfants (et pas que) apprennent mieux par la modélisation, l’exemple plutôt que par les mots. Rien ne sert de forcer. S’iel n’a pas envie, c’est OK. Ce refus, pourrait même nous servir plus tard (je vous dis à quoi plus loin).

• Fournir un cadre, donner des consignes et des « responsabilités (ils adorent ça) : « Le frigo est vide. Nous allons faire les courses. ». Pendant les courses, tu seras assis.e dans le caddie et moi je le pousserais. Quand nous serons dans le magasin, moi je m’occupe de mettre les courses dans le chariot et toi tu barres sur la liste avec le stylo » (dès tout petit, cela fonctionne bien). En fonction des âges et du lieu, on adapte évidemment les consignes : « Vous pourrez vous assoir dans le caddie ou rester à côté de moi/du caddie si vous avez besoin de bouger » - « il est important que je vous vois lorsque vous êtes en dehors du chariot ». « Si vous souhaitez mettre des choses dans le caddie, vous me demandez avant : si c’est sur la liste, c’est bon. Si ce n’est pas sur la liste, on le remet à sa place pour cette fois, OK ? ». « On va dans ce magasin pour acheter un cadeau pour XX. Seulement pour XX et on ressort. ». « Si on se perd, on se retrouve à l’entrée du magasin/au rayon YZ/aux caisses (on leur montre les premières fois).

• Prévoir à boire et à manger : un indispensable. Le pack de la maison : bouteille d’eau + fruits et/ou compote + amandes/noix. L’idée étant de combler le besoin de se nourrir en limitant les apports de sucres. Les nourrir de sucre ne vous rendra pas service au moment des courses, bien au contraire. A vous de trouver votre pack « gagnant » : équilibre/plaisir. De nombreuses crises pourraient être évitées "simplement » en répondant aux besoins physiologiques des enfants. S’ils ont soif, s’ils ont faim, ils seront sous stress tant que leur besoin ne sera pas comblé. Comment vous sentez-vous lorsque vous avez soif ou faim ? Un poil plus irritable… Impatient.e… non ?

• Prendre de quoi les occuper : jouets/livres (éviter les écrans tant que possible)
  

Pendant la sortie :

Pour les bébés :

S’il dort, qu’on se le dise, ce sera beaucoup plus confortable.

S’il est éveillé (en portage ou en poussette) :

• Penser à l’hydrater

• Prendre le temps de lui parler, le regarder, de temps à autre

• Découvrez-le un peu : la température intérieure n’est pas la même qu’à l’extérieur

• Donner lui un jouet/livre adapté

• S’il est en poussette, et que vous n’êtes pas pressée par le temps, faites une pause câlin/contact.

Pour les jeunes enfants :

• Rappeler l’objectif et les consignes principales, avant l’entrée au magasin : « qu’est-ce qu’on va faire ? » - « Quelle est ta mission ? » « Et si ce n’est pas sur la liste qu’est-ce qu’on fait ? ». « On est prêt.e.s, on y va. ». Il peut être compliqué, parfois même impossible en fonction de l’âge de l’enfant, d’être en mesure de respecter les consignes du début à la fin. Iels ne font pas exprès. Si une consigne n’est pas respectée : on fait un rappel de consigne. La répétition permet d’ancrer les informations.

• Repérer les signes d’avant crise. Iel s’agite, parle plus fort, plus vite, se frotte les yeux.

• Proposer à boire et/ou à manger

• Faire participer : « Est-ce que tu veux une nouvelle mission ? Ouiiiiiiii. « Il reste XX sur la liste. Ta mission c’est d’aller en chercher et de revenir le plus vite possible. « Je t’attends ici. : prêt.e ? Gooooo ».

• Parler, le/la faire rire, l’écouter, chanter, lui raconter une histoire : cela peut être une occasion de passer un bon moment d’échange et de nourrir la relation.

• Jouer : prendre le chariot pour une voiture de course - faire une bataille de pouces - devinettes

• Donner un jouet (ex. : figurine), un livre adapté, un doudou

• Prendre en photo ou noter dans un cahier (au choix) l’objet convoité par votre/vos enfant.s qui n’est pas prévu d’être acheté. Il pourra être commandé pour une occasion prochaine (nöel, anniversaire…).

• Faire appel à l’imagination : « Si tu avais une baguette magique, tu achèterais quoi toi ? »

• S’iel est sensible au bruit ambiant, peut-être, lui proposer d’écouter sa boite à histoire, de la musique avec un casque adapté à son âge. Si c’est la lumière, lui proposer des lunettes de soleil.

• Faire une pause câlin

Le passage en caisse peut être un moment où tout peut basculer. Tout est fait pour attirer les enfants (sucreries, jouets, … mis à leur hauteur) et ce au grand désarroi des parents qui ont tenus jusqu’ici (ou pas…).

Le combo description rapide de ce qu’il voit et la participation fonctionnent plutôt bien. « Eh bah, il y a beaucoup de choix de bonbons par ici. Il y en a des rouges, des bleus… » - Tiens je te donne la carte de fidélité, tu vas pouvoir la donner à l’hôte.sse de caisse. Tu en prends soin pendant que je mets les courses sur le tapis » — Au moment de payer (parfois ils ont « envie de payer ») : « Mon code est confidentiel, je n’ai pas le droit de le partager. Je tape le code et toi tu appuies sur le bouton vert. — « Quand tu entends le bip, tu peux retirer la carte et me la rendre ».

Retour sur le rituel des besoins d’avant sortie :

il est arrivé que mon fils ait eu envie d’aller aux toilettes alors que nous venions à peine de commencer les courses (peut-être qu’il n’avait vraiment pas envie avant que nous sortions).

« Les toilettes sont en dehors du magasin. Je suis obligée de laisser le caddie ici. Je perds mon temps, je n’aime pas ça. Allez, on fonce. » - Après le passage aux toilettes : « La prochaine fois, j’aimerai qu’au moins tu essaies d’aller aux toilettes avant notre sortie, OK ? ».

Cet événement nous a offert l’occasion d’expliquer l’utilité du rituel d’avant sortie.

S’il refuse d’aller aux toilettes avant une sortie, un rappel de cet épisode peut l’aider à revoir son positionnement : « Tu te rappelles la dernières fois, nous avons été embêté.e.s pendant les courses. Comment on peut éviter ça ? ».

Après la sortie :

Les courses sont fini.e.s. Tout le monde est dans la voiture, à vélo, à pieds… (peu importe).

• Donner des repères/consignes : « On a terminé les courses. Retour à la maison. » - « En arrivant, on range les courses et après on joue/vous pourrez jouer/vous pourrez profiter d’un temps libre avant le repas »

• Valoriser leur comportement / ancrer le positif : « J’ai apprécié ce moment avec vous alors que je ne suis pas toujours enchantée d’aller faire les courses. Vous l’avez rendu agréable en respectant les règles, en participant. Merci beaucoup. » Vous pouvez aller plus loin et décrire concrètement ce qu’iels ont fait/dit/appris/réussi.

A vous de jouer !

Tous les enfants sont différents. Tous les parents aussi.

Ce qui fonctionne pour les un.e.s ne fonctionne pas forcément pour les autres.

A noter toutefois qu’il existe un « socle commun » pour tous les enfants :

• besoin de sécurité (cadre, règle, contact/proximité…),

• besoins physiologiques (ex. : boire, manger, …),

• besoin d’exploration (participer, expérimenter, apprendre, …).
  

A vous de construire le cadre qui correspond à votre famille.

Rien n’est figé dans le temps. Pensez à le faire évoluer, en fonction de vos besoins, de l’âge des enfants et bien sûr des contraintes que vous pouvez rencontrer. Ce qui fonctionne un jour peut ne pas fonctionner celui d’après. Plus vous aurez une boite à outil diverse et variée et plus vous serez en mesure de gérer les situations.

Soyez créatif.ve.s, vous avez des idées, vos enfants aussi.

Faites-les participer (s’ils sont en âge), ils seront d’autant plus coopératif.ve.s. Et même si parfois cela peut vous paraître un peu « loufoque », testez et vous verrez !

… Parfois, « prévenir » ne suffit pas.

C’est vrai, je n’ai pas évoqué la gestion de crise. Seulement la première étape : les éléments d’anticipation pour éviter la gestion de crise.

On ne peut pas passer au travers des besoins de nos enfants et des nôtres. Se préparer à y répondre peut réduire considérablement le niveau de stress, les angoisses aussi bien pour le parent que pour l’enfant et permettre même de passer un moment agréable, en toute sérénité.

Et si vraiment, cela ne fonctionne pas ?

- Parce que vous êtes parti.e.s précipitamment ?

• Que cette course s’est « invitée » au dernier moment dans le déroulé de votre journée ?

• Votre enfant est en réaction émotionnelle parasite (c’est quoi ça ? ) ?

• Ou pour toute autre raison ?

Il est possible d’accompagner une crise jusqu’à sa résolution, sans violence. Je vous l'explique dans un prochain article ;-)

Avant de partir, partagez votre expérience en commentaire.

Avez-vous déjà essayé ces « trucs & astuces » ?

Que faites-vous pour prévenir les crises ? Ou qu’avez-vous envie d’essayer ?